J.-C. Notet: La production de sigillée et de céramique

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Titel
La production de sigillée et de céramique fine gallo-romaine de Gueugnon (Saône-et-Loire).


Autor(en)
Notet, Jean-Claude
Reihe
32ème supplément à la Revue Archéologique de l’Est
Erschienen
Dijon 2012: Revue archéologique de l'Est
Anzahl Seiten
254 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Marie-France Meylan Krause

L’étude de J.-C. Notet est consacrée aux moyens de production, aux productions et aux producteurs de céramiques sigillées et communes fines fabriquées dans les ateliers de l’agglomération secondaire de l’actuelle Gueugnon située dans la civitas des Eduens (p. 14). Cette officine bourguignonne fut un important centre potier gallo-romain qui a joué un rôle économique prépondérant, diffusant certains de ses produits jusqu’en Angleterre, dans l’ouest et le sud de la France ainsi qu’en Suisse, où ils sont attestés dans la région genevoise, sur le Plateau (Avenches) de même qu’en Valais (Martigny ; fig. 198).

L’étude de J.-C. Notet, qui a débuté en 1994, n'a pu voir le jour qu'en 2012 pour diverses raisons (p. 7). Le manque d’homogénéité parfois constaté dans la présentation (dessins au trait, en pointillés, qualité des photos etc.), de même que la bibliographie qui date parfois un peu, sont quelques conséquences mineures du déroulement de ce travail sur une période relativement longue.

L'ouvrage est composé de six chapitres, d'un avant-propos, d'une introduction et d'une conclusion. Dans le premier chapitre, l'auteur situe les découvertes archéologiques dans leur contexte géographique. Il résume ensuite l’historique des recherches effectuées sur le site entre 1965, date des premiers signalements des vestiges et le début des années quatre-vingts, période d’intense activité urbanistique caractérisée essentiellement par des fouilles de sauvetage. Dès 1984, la fouille des ateliers de Gueugnon s’inscrit dans un projet national consacré aux ateliers antiques : les programmes de fouilles orientées sont complétés par des prospections géophysiques et magnétiques permettant de déterminer l’extension maximum de la zone des ateliers.

Dans le deuxième chapitre, consacré à la typologie des productions, l’auteur résume en préambule l’histoire des sigillées ; quelques références récentes et bien choisies auraient permis au lecteur curieux d’en apprendre davantage sur ce sujet. Ce sont tout d’abord les céramiques sigillées et les céramiques fines qui sont caractérisées. S’il est à notre sens judicieux de traiter ensemble ces deux catégories, comme l’a fait J. C. Notet, il eut été plus clair pour le lecteur de définir les productions sigillées par la méthode de cuisson dans des fours à tubulures plutôt que par des descriptions subjectives relatives à la couleur ou à l’épaisseur des parois. Les céramiques sigillées lisses tournées, par ailleurs, ne s’opposent pas à celles qui sont moulées, ces dernières étant également tournées mais dans un moule (p. 18, fig. 6). J. C. Notet explique ensuite les critères à partir desquels la typologie a été établie : à nouveau c’est la couleur et l’épaisseur des parois qui ont été déterminants. L’appellation « céramique à paroi fine » peut par ailleurs engendrer une confusion avec la catégorie communément admise du même nom qui comprend des vases à boire fabriqués dans diverses régions de l’Empire. Les planches illustrant les principales formes et leurs variantes sont très claires et les détails mis en évidence permettent de les distinguer de leurs homologues de Lezoux (fig. 8).

Dans le troisième chapitre, il est question des sigillées moulées ornées fabriquées à Gueugnon, essentiellement des Drag. 37. Plusieurs pages sont consacrées au développement des décors des vases et des moules dont les nombreuses marques manuscrites ou estampillées permettent la plupart du temps de proposer une classification de la TS ornée par nom de potier ou sinon par style. Le catalogue des productions des principaux potiers de Gueugnon est richement illustré : ensembles décoratifs et poinçons séparés dessinés et parfois photographiés à l’échelle 1:1. Les photos en couleur permettent au lecteur de mieux se rendre compte de l’aspect des tessons. Quelques macrophotographies auraient été bienvenues notamment pour mieux visualiser la texture de la pâte.

Le chapitre 4 traite des reliefs spéciaux et des reliefs d’applique parmi lesquels figurent les déversoirs à tête de lion des mortiers de type Drag. 45. Cette production, l’une des grandes spécialités de Gueugnon, est diffusée dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Une typologie détaillée, effectuée par P. H. Mitard et restée inédite, est reprise dans les grandes lignes par J. C. Notet qui retient dix types correspondant à des créations initiales distinctes, dont est issue par surmoulage une cinquantaine de variétés fabriquées à Gueugnon (fig. 149–157). Remarquables sont le poinçon matrice en forme de tête de lion portant une signature, de même que 62 moules pour déversoirs qui en font un ensemble exceptionnel.

Sont ensuite passés en revue les manches et oreilles de préhension ornés dont plusieurs dizaines appartiennent à des manches de patères moulés, objets cultuels s’inspirant de récipients en bronze (fig. 159–165).

Les reliefs d’applique et les moules pour les fabriquer sont ensuite présentés ; destinés à orner des vases à parois minces, ils sont classés par catégorie décorative (personnages, animaux, végétaux). Ce chapitre se termine par la présentation de reliefs et de moules spéciaux et rares.

Les graffitis et signatures sur sigillée, vases à revêtement argileux et moules pour reliefs d’applique sont décrits dans le chapitre 5 et reproduits à l’échelle 1:1.
Dans le dernier chapitre figure une chronologie des ateliers basée essentiellement sur celle fournie par les stratigraphies des sites de consommation, en général plus fiables que celles des ateliers en constant réaménagement (p. 237) ; la découverte d’un trésor monétaire daté de 268–273 (Tetricus) dans le remblai de l’alandier d’un four abandonné, fournit un TPQ bienvenu pour l’abandon et la destruction de l’atelier. Si les analyses électromagnétiques pratiquées sur quatre fours n’apportent pas de résultats supplémentaires, elles ne contredisent pas la datation fournie par les monnaies. Les analyses archéomagnétiques effectuées sur la sigillée confirment que les vases ont été empilés en position debout dans les fours et calés par des colifichets et corroborent une datation dans la première moitié du 3e siècle.
Dans le but d’établir une base de références, ce sont 164 échantillons de pâte qui ont fait l’objet d’analyses chimiques.

On regrettera que les deux petits paragraphes placés en annexe dans la conclusion (p. 249) ne soient pas plus développés, particulièrement celui se rapportant à l’organisation de l’atelier. Il est vrai que tel n’était pas le sujet de l’étude, mais il nous aurait semblé utile de rappeler, en préambule, le nombre de fours retrouvés, leur type — qui nous informe sur les catégories de céramiques produites — ainsi que, le cas échéant, d’autres infrastructures de la chaîne opératoire.

La communauté scientifique ne peut que saluer la parution de l’ouvrage de J. C. Notet qui sera, à n’en pas douter, un outil de référence très utile aux chercheurs oeuvrant notamment sur les sites de consommation et les aidera à mieux identifier les produits de Gueugnon.

Zitierweise:
Marie-France Meylan Krause: Rezension zu: Jean-Claude Notet, La production de sigillée et de céramique fine gallo-romaine de Gueugnon (Saône-et-Loire). Revue archéologique de l'Est, suppl. 32. Dijon 2012. 254 pages, 201 figures.. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 97, 2014, S. 289.

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Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 97, 2014, S. 289.

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